Pollution des eaux par les nitrates
Le nitrate est une forme minérale oxydée de l'azote, résultant de la décomposition de la matière organique sous
l'action des micro-organismes, ou des apports d'engrais sur les sols agricoles. Très solubles, les ions nitrates
NO3- sont directement assimilables par la végétation et sont, avec les phosphates, les principaux
responsables
de l'hyper- eutrophisation des rivières, étangs et lacs de nos régions.
Dans les eaux de boisson, l'excès de nitrate est dangereux également: réduit en nitrite dans le tube digestif,
il provoque la formation de méthémoglobine dans le sang susceptible de limiter la fixation de l'oxygène
(maladie bleue des nourrissons). Le nitrite formé au cours de la digestion peut également conduire à une
conversion en nitrosamine, une molécule susceptible de se fixer de manière irréversible à l’ADN, ce qui
peut être à l’origine de cancers.
Pour toutes ces raisons, une directive européenne fixe actuellement la concentration maximale en nitrates
dans les eaux de boisson à 50mg NO3/l. Ceci tient compte également du fait que d’autres éléments de notre
alimentation, tels que les légumes et les charcuteries, constituent des apports en nitrates non négligeables.
Du fait de pratiques agricoles parfois mal adaptées (épandage d'engrais minéraux ou de lisiers et fumiers en
quantités excessives ou à des périodes peu adéquates par rapport aux besoins des végétaux) mais aussi de
l'urbanisation (puits perdus, rejets d'égouts), les concentrations en NO3 dans de nombreuses nappes souterraines
de notre pays sont actuellement très proches de cette valeur limite de 50 mg NO3/l. Ceci impose aux compagnies
de distribution d’eau de mélanger des eaux d’origine différente pour respecter la norme, ou encore d’insérer
des installations coûteuses de dénitrification au sein des filières de production d’eau potable.
La contribution respective des apports agricoles et des contributions urbaines peut être précisée moyennant
l’emploi de traceurs chimiques, dont l’étude est en cours au laboratoire de traitement des eaux.
Légende : les ions nitrates sont très solubles et sont donc facilement entraînés vers les
nappes au moment des pluies. Dans le cas d'un captage tel que celui de Saint André Lhonneux en pays de Herve,
la corrélation est frappante entre la pluviométrie moyenne (en mm/mois, trait bleu continu) des neuf mois qui
précèdent le prélèvement, et les teneurs en nitrates observées (points rouges partiellement reliés).
On attribue ce comportement à des pools de nitrates qui sont provisoirement isolés de la nappe, puis
sont repris dans la masse d'eau totale lorsque les niveaux piézométriques réaugmentent lors des pluies abondantes.
Contact: mikeverb@ulb.ac.be